Profanation des cimetières Métis Acadiens à Escuminac à Hardwick et à Baie Sainte Anne au Nouveau-Brunswick
Vers les années 1960, ici au Nouveau Brunswick, comble de l’incompréhension, la profanation de nos cimetières Métis français eut lieu. Nous, les Métis avons toujours su ces faits si déplorables. Aujourd’hui, il est impératif que ces réalités soient connues de tous et pour atteindre notre but, nous allons prendre tous les moyens de communications qui sont à notre disposition. À cette époque, nos parents et leurs parents avant eux, avaient une peur viscérale des anglophones et c’est pourquoi, ils ont gardé en eux cette grande colère. Ils ont souffert dans le silence. Je crois qu'il est temps pour nous de ma génération de faire connaitre à toute la population canadienne, la douleur et les préjudices que nous avons supportés dans le silence le plus complet pour trop longtemps. En effet, ces actes irrespectueux envers nos ancêtres Métis décédés, font jaillir en nous un grand chagrin. À Escuminac, mon village natal, les pierres tombales des Métis français ont été labourées hors du cimetière et cachées dans le bois sous une pile de terre. Croyant guérir nos blessures, un monument fut érigé sur lequel il est inscrit ‘Ici repose les anciens Acadiens’. Voilà le spectacle qui nous attend quand nous, les descendants Métis, visitons ce cimetière qui se nomme aujourd’hui " Escuminac Cemetary " et qui était autre fois, " Cimetière catholique Stella Maris " endroit où reposent nos ancêtres et qui s’est transformé, un jour, grâce à la haine ou l’incompréhension de certains, en un endroit d’une plus grande tristesse.
En plus, le cimetière St. Laurent RC Mission of Baie des Vents à Hardwick, Nouveau-Brunswick (no public access) (Aucun accès public), est le plus vieux cimetière où reposent nos ancêtres et il a subi le même sort.
Dans ces mêmes années, afin d’interdire l’accès à ce cimetière, un fossé fut creusé sur la route menant à celui-ci par un dénommé (McDonald) empêchant ainsi les descendants des ancêtres Français, Métis et Indiens de venir se recueillir sur les tombes de leurs bien-aimés. Tout ce scénario servait à cacher le fait, que les pierres tombales de nos ancêtres étaient utilisées comme ancre à filets.
Dans ce cimetière, il n’y a que deux pierres tombales anglophones encore debout, car la plupart des adultes anglais étaient enterrés ailleurs. Aujourd’hui, la mer a partiellement détruit une partie du cimetière mais elle n’est pas la seule responsable de la disparition de toutes les pierres tombales, puisque nous pouvons encore voir de nos jours, l’affaissement des terrains où nos morts ont été inhumés. Je vous nomme quelques noms de nos ancêtres Métis reposant dans ce cimetière.
Laman Martin, Died March 3, 1815 – age 70 Buried March 15, 1815 - Spouse: Agate Lejeune
Joseph Martin (farmer) Died June 25, 1805 age 61-
Paul Martin – died February 15, 1818 – age about 36
Mathurin Mazerolle (farmer at Baie des Vin) died September 14, 1829 - age 84 (74?)
Mathurin Paul Died September 9 1816-age 62
J’inclus quelques noms Autochtones afin de démontrer que les Indiens et les Métis ont vécu ensemble à Baie des Winds.
Marie Pierre Paul, died December 1820 – age 20, Parents Pierre-Paul (native of Richibucto) and Marie Madelaine, witness Lazare Mazeroles and Noël Ailliot
Marie Piminouit, died 1807 age 5, parents Joseph Piminouit (native) and Magdeleine
Pour faire suite : au cimetière catholique de l’église Sainte-Anne à Baie Sainte- Anne, Nouveau-Brunswick, 300 pierres tombales et tombes de nos ancêtres ont aussi subi le même sort.
Pour les Cimetières Stella Maris et St-Laurent RC Mission de Baie des Vents à Hardwick, Nouveau-Brunswick, nos recherches restent pour le moment vaines afin de trouver les noms de nos ancêtres et de plus, la promesse d’un repos pour leurs corps a été violée. À Escuminac que voyons-nous en arrivant ? D’un coté un champ nu où nos ancêtres reposent sans pierre et de l’autre côté les pierres tombales, en bonne condition et bien rangées, des ancêtres anglophones! Comment est-ce possible ? À cette époque, tous les résidants savaient mais gardaient le silence, que les responsables étaient des anglophones qui avaient commis ces profanations et avaient privés ces défunts d’un repos si bien mérité.
À Hardwick, les affaissements de terre indiquent l’endroit des tombes, mais là aussi aucunes pierres tombales, puisqu’elles reposent silencieusement au fond de la mer à Bay du Vin au Nouveau-Brunswick. Quel sentiment habitait ces gens?
Nous mettons au grand jour ces faits, car il est très important pour nous, communautés Métisses françaises, que notre mémoire se souvienne de ces actes contre notre peuple et pour sensibiliser le grand public à cette tragédie. Les mots me manquent pour vous dire à quel point ces gestes ont affecté et affectent toujours les familles Métis
Nous pourrions crier vengeance et demander justice, mais tout ce que nous désirons, ce sont des excuses venant des profanateurs et la remise en place de pierres tombales, en remplacements de celles profanées et sur les quelles seront inscrits les noms de nos ancêtres.
Nous savons d’expérience, le rôle clé que jouent l’éducation, la culture, la prise de conscience des différences dans les peuples et le respect de celles-ci dans la consolidation des processus de paix, de restauration de l’unité nationale et c’est grâce à l’expérience que nous avons acquise dans des situations analogues au cours de ces dernières années. Il est du devoir du Nouveau-Brunswick et du Canada d’aider le peuple Métis français à retrouver l’espoir dans l’avenir, de demander réparation et excuses publiques de la part des responsables de ces actes de profanations, puisqu’ils sont toujours vivants aujourd’hui.
Une fois la visite terminée et les photos prises, nous quittons ces endroits, blessés et toujours avec la même et seule question ‘POURQUOI?’
Archie Martin
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